Mode de prise en vue : utiliser le mode manuel
En mode manuel, le contrôle de l’ouverture du diaphragme et de l’exposition vous incombent totalement, car l’appareil n’est pas en mesure d’ajuster seul ces paramètres. Le réglage manuel de la mise au point constitue généralement une action distincte, et une possibilité encore plus rarement offerte que celle de régler l’exposition en mode intégralement manuel. Pourtant, ce dernier vise à vous permettre de contrôler totalementl’exposition.
Quel est l’intérêt du mode manuel ?
Le mode manuel est celui qui convient le mieux dans les cas où vous voulez utiliser une ouverture ou une vitesse d’obturation particulières, mais aussi surexposer ou sous-exposer délibérément la photo. Un parfait exemple qui justifierait l’emploi de ce mode serait la réalisation d’un portrait raffiné avec peu de contrastes. Il faudrait utiliser l’ouverture maximale de l’appareil pour réduire au maximum la profondeur de champ. En même temps,il serait indispensable de surexposer le cliché d’un ou de deux diaphragmes, pour atténuer les tons de la peau et les rendre plus délicats que d’habitude, mais aussi pour augmenter la clarté, la vivacité et la sensibilité du regard. D’autres situations justifient l’emploi du mode intégralement manuel, notamment celles dans lesquelles l’appareil est incapable de calculer automatiquement l’exposition correcte, comme dans le cas d’un feu d’artifices . Dans notre exemple, le ciel nocturne occupe l’essentiel de la photo, mais ce sont les lumières vives des fusées qui constituent le centre d’intérêt du cliché. Celles-ci n’auraient pratiquement pas pu être enregistrées par le posemètre intégré de l’appareil. Par ailleurs, il était indispensable d’allonger le temps d’exposition, de façon à attendre la constitution des tramées des fusées.
Utiliser le mode manuel constitue également une bonne manière de se familiariser avec son appareil photo. Il permet en effet d’observer instantanément les différents résultats obtenus en cas de modification des paramètres ouverture/vitesse d’obturation. Mieux encore, la plupart des appareils numériques intègrent quantité d’informations sur l’image dans l’en-tête de chaque fichier JPEG. Pour y accéder et connaître les paramètres de chaque prise de vue réalisée, affichez les images dans le logiciel qui a servi à les transférer sur l’ordinateur, dans un programme de catalogage ou dans l’Explorateur de fichiers de Photoshop 7 ou Photoshop Eléments 2.0. Vous pouvez ainsi comparer les valeurs qui ont permis d’obtenir des cheveux en déplacement légèrement flous dans un cliché et celles qui, malgré une exposition parfaite, ont généré des mèches de cheveux en mouvement extrêmement nettes devant un arrière-plan flou. En prenant dès maintenant le temps de maîtriser le mode manuel, vous pourrez par la suite réaliser de formidables photos, sans commune mesure avec de traditionnels clichés, et vous serez capable de gérer pratiquement n’importe quelle situation.
Comment utiliser un appareil photo en mode manuel ?
- Notez les valeurs données par le posemètre pour la luminosité globale du sujet en prenant une photo-test en mode automatique.
- Visualisez le cliché sur l’écran ACL. La plupart des appareils indiquent l’exposition utilisée en surimpression sur l’image.
- Basculez l’appareil photo en mode manuel. Selon le cas, vous devrez changer la position de la molette de réglage des modes ou sélectionner l’option requise dans un menu sur l’écran ACL.
- Une fois en mode manuel, servez-vous du bouton et/ou de la molette de réglage des modes pour ajuster la vitesse d’obturation et le nombre f. Pour connaître le fonctionnement exact de votre appareil, reportez-vous au manuel qui l’accompagne.
- Examinez le panneau de contrôle de l’appareil. Si vous possédez un bon matériel, l’écran ACL affiche un aperçu de l’effet obtenu avec les réglages manuels en cours. Sinon, prenez une photo-test et examinez-la attentivement pour savoir si le résultat obtenu avec vos nouveaux paramètres répond bien à votre attente.
Voici une liste de quelques règles à observer dans différentes situations pour réussir votre réglage manuel. Il s’agit uniquement de principes généraux. Libre à vous, ensuite, de les affiner pour répondre à vos besoins spécifiques.
- Pour figer un mouvement Réglez l’appareil sur la plus grande vitesse d’obturation possible pour obtenir tout de même une exposition correcte avec une ouverture de diaphragme (quasi) maximale (nombre f minimal).
- Pour rendre un mouvement flou Adoptez une vitesse d’obturation très réduite, toutefois pas trop en deçà de l/60è.
- Pour rendre flous le premier plan et l’arrière-plan Réglez le diaphragme sur son ouverture maximale et élevez la vitesse d’obturation pour compenser.
- Pour maximiser le piqué global de l’image sur une profondeur de champ aussi grande que possible Utilisez le plus petit nombre f possible, afin de réduire l’ouverture au maximum. La plupart des appareils n’autorisent pas d’ouverture inférieure à f-11.
Il est possible de garder un niveau d’exposition constant en réduisant le nombre f d’un niveau à chaque fois que vous passez au pallier supérieur pour la vitesse d’obturation, et inversement. Grâce à cet équilibrage ouverture/vitesse d’obturation, vous pouvez choisir entre contrôler la profondeur de champ (ouverture du diaphragme) et figer l’action ou capturer du flou (vitesse d’obturation), tout en préservant l’exposition.
Les appareils numériques présentent un avantage très appréciable : ils permettent de visualiser sur l’écran ACL les conséquences d’un changement de paramétrage. L’aperçu obtenu reflète les modifications de l’exposition, de sorte que vous pouvez aisément identifier la configuration optimale avant de réaliser la prise de vue. L’utilisation d’une pellicule se révèle beaucoup plus délicate, et vous devez acquérir une grande expérience avant de réussir vos clichés. Il n’y a par ailleurs pas l’aspect « instantané » du numérique. Quand le sujet reste immobile ou qu’il pose, même les photographes professionnels qui maîtrisent très bien les appareils argentiques pratiquent le bracketing : ils utilisent toute une gamme d’expositions, afin d’être certain de prendre le cliché le mieux adapté au sujet. Cependant, n’oubliez pas qu’une « mauvaise » exposition constitue parfois le plus heureux des hasards. Les appareils numériques gomment une large part des tâtonnements, mais quand vous trouvez l’exposition « parfaite », c’est à vous que revient tout le mérite.